Le matelas constitué par la victoire de sa liste au premier tour – légale mais si peu légitime avec 75% d’abstention, triste record- pourrait renforcer le penchant naturel de son chef de file à décider de tout, tout seul. Les tourquennois ont compris que même sans le titre de maire, même absent de Tourcoing, c’était bien lui qui dirigeait.

Et ils vont vite comprendre que cela va continuer : dans quelques jours, les nouveaux élus vont élire le maire. S’il ne démissionne pas de sa fonction de ministre, M. Darmanin brisera une règle tacite de non-cumul essentielle à la vitalité démocratique*. Quelle tromperie pour les tourquennois qui l’avaient désigné par leur bulletin de vote et à qui il avait fait croire qu’il se consacrerait à Tourcoing !

Alors les dysfonctionnements actuels perdureront : aucune décision n’est prise sans son autorisation. Les services municipaux sont déresponsabilisés, verrouillés, pressurisés. Quand des associations sollicitent le maire et/ou les services municipaux par la voie ordinaire, pas de réponse. Quand, de guerre lasse, elles s’adressent à l’actuel 1° adjoint via son Facebook personnel, miraculeusement ils ont une suite immédiate à leur demande ! Sur quel critère ? avec quel contrôle démocratique ? mystère... Comment appeler cela si ce n’est du clientélisme ?

L’absence de concertation sur la réouverture des écoles avec les autorités académiques, avec ceux qui seront en première ligne et avec les représentants des familles est une belle illustration du déni de démocratie : la décision unilatérale de reprise le même jour pour toutes les classes a été prise en dépit des recommandations scientifiques et au-delà des préconisations gouvernementales (pas d’ouverture des petites et moyennes sections de maternelle). Elle fait prendre un risque considérable à la population. Les fantassins seront récompensés par de belles paroles par les généraux restés en arrière de la ligne de front.

L’immobilisme sur la fourniture des masques de protection à la population confirme qu’en l’absence du 1° adjoint occupé à Paris, aucune décision n’est prise. En catastrophe, deux semaines avant le déconfinement, un atelier est ouvert avec des bénévoles avec un objectif irréaliste : faire 120 000 masques. Résultat : un peu plus de 10.000 sont prêts pour le jour J. Conséquence : obligation en dernière minute d’engager des sommes considérables pour tenter de compléter les manques et retard pour la distribution. Les centres sociaux, entre autres, sont mobilisés depuis longtemps sur ces fabrications, mais la mairie semble ignorer superbement les forces vives de sa ville. Quelle irresponsabilité ! quelle gabegie d’énergies et de finances !

Nous ne voulons pas de la Levallois-Perretisation de notre ville : déni des élus de la minorité, clientélisme, décisions unilatérales, improvisation, déresponsabilisation des acteurs confirment que la gouvernance de Tourcoing pourrait s’enfoncer dans une forme d’autocratie.

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Faire de la politique « autrement »

Retour sur les pratiques du siècle dernier ?

Il semblerait que le Président de la République et le 1° ministre aient autorisé M. Darmanin à cumuler les fonctions de ministre et de maire d’une grande ville, s’asseyant sur leurs propres règles. Si ça venait à être confirmé, quel signal fort de la part de l’exécutif national...

Nous le disons haut et fort, il n’est pas possible de cumuler ces deux fonctions sans que ce soit au détriment de l’une des deux et, sans aucun doute, ce serait bien Tourcoing qui souffrirait de la situation et paierait l’addition !

Si elle était avérée, Ambition Commune serait particulièrement vigilante aux conséquences de cette décision de cumul de fonctions du maire/ ministre pour la vie des Tourquennois et l’avenir de notre ville.

À la veille de l’installation du Conseil Municipal Ambition Commune et ses 3 élus est résolue à adopter un comportement opposé, mais pas une opposition stérile : une alternative constructive.

Nous voulons être une force de propositions, nous appuyant sur celles de notre programme (et celles qui concernent la MEL où nous serons représentés) en élaborant, autant que nécessaire, des alternatives aux projets de décision de la majorité qui ne contribueraient pas aux objectifs que nous soutenons. La crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons ne fait que renforcer notre conviction qu’un changement de modèle de société est nécessaire et urgent.

Nous voulons montrer aux tourquennois qu’il n’y a pas qu’une seule voie, une seule solution aux problèmes dont la ville est en charge. Nos options sont guidées par quelques principes : éthique, dialogue et écoute des habitants, priorité à l’humain, priorité à la lutte contre la destruction de notre environnement, recherche du mieux-vivre ensemble, lutte contre les inégalités et pour l’inclusion de tous, prise en compte et appui des forces vives.

Ce sont ces valeurs que nous porterons pendant les 6 ans de notre mandat.

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*"À partir de janvier 2020, chaque ministre pourra être candidat ", mais "quand on est ministre on ne peut pas cumuler avec la tête d'un exécutif local. Donc il (leur) appartiendra de dire s'ils veulent rester membres de gouvernement " ou occuper cette fonction s'ils sont élus. C'est ce qu'avait, dès septembre dernier, précisé Édouard Philippe à l'issue d'un séminaire gouvernemental. (Le Monde)